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Dans des caisses, des millions de vers de farine grouillent. Ils sont surveillés

de près dans de grands containers par une équipe de chercheurs. Depuis deux ans, Entomofarm élève à grande échelle des ténébrions meuniers 

pour les transformer en farine.

 

Qui eut cru que l'insecte puisse devenir une marchandise recherchée ? Pourtant, Grégory Louis, fondateur de la société née en 2014, mise sur le ver de farine pour révolutionner l'alimentation en élevage."On envoie aux centres de recherche et de développement des entreprises notre production pour qu'ils testent le produit", précise l'entrepreneur de 31 ans.

 

Ces insectes permettent la fabrication d'une farine animale d'une teneur en protéines supérieure à 70%. "On obtient une farine biologique car les insectes sont nourris eux-mêmes avec des céréales bio", précise-t-il. En février 2017, l'entreprise de 15 salariés déménagera dans un espace de production

de 4 200 m2 et pourra enfin se lancer dans une production conséquente :

35 tonnes de farine par mois.

 

"On est encore dans une approche pré-industrielle mais on espère que dans cinq à dix ans toutes les entreprises françaises arriveront à produire plusieurs millions de tonnes", conclut Grégory Louis, un large sourire aux lèvres.

Le marché de l'insecte prend son envol en France

L'Europe est prudente. Les insectes peuvent être dangereux pour l'Homme par nature : les tarentules et les guêpes sont venimeuses, d'autres espèces sont porteuses de maladies. Autre problème, "les insectes peuvent être exposés à des contaminants comme les pesticides. Est-ce dangereux ? Ce sont des questions auxquelles les études doivent répondre", estime Jean-Michel Chardigny, chercheur en alimentation à l'Institut national de recherche agronomique (Inra). La commercialisation d'insectes entiers et en farines est donc interdite au sein de l'Union européenne.

 

En France, les autorités sanitaires craignent les cas d’allergies : insectes et arthropodes (acariens, crustacés, mollusques…) possèdent des allergènes communs.

La crise de la vache folle dans les années 1980 a aussi rendu la Commission européenne plus suspicieuse. Pourtant, l’utilisation de protéines animales transformées à partir de restes de cadavres d’animaux, interdite en 2001, est de nouveau autorisée pour nourrir les poissons depuis 2013... Sans oublier que nos chiens et chats se délectent déjà de pâtées préparées à base de farines d'insectes !

Manger des insectes, est-ce dangereux ?

Les lobbyistes à l'oeuvre

  Ynsect est la plus en pointe dans la course aux insectes           ( prix du concours mondial de l'innovation en 2014).

  En 2011, cette start-up  a lancé des recherches sur                     l'utilisation alimentaire des insectes. D'ici à la fin de                   l'année 2016, ses fondateurs espèrent produire    

  1 000 tonnes de farines de Tenebrio Molitor grâce à  sa           future usine de production de 3 000 m2 à Dôle (Jura). 

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 À Chasseneuil-en-Poitou (Vienne), NextAlim s'intéresse à  la recherche, à la production et à la  distribution d'insectes pour l’alimentation animale. En  2016, l'entreprise a produit une tonne d'insectes par jour. La production passera  à  10 tonnes par jour en 2017.

 À Grandfontaine (Bas-Rhin), près de Strasbourg, ACRS importe des insectes et les distribue en France en les transformant pour  l'alimentation humaine et animale.

 À Saint-Georges de Reneins (Rhône), IPV s'est spécialisée dans les  procédés de production et la distribution pour  l'alimentation  animale et humaine.

  À Toulouse, Micronutris (Haute-Garonne)  a produit 

 360 tonnes  d'insectes en  2014. Elle mène des recherches et gère  un élevage  d'insectes pour l’alimentation humaine.

 

 À Bordeaux (Gironde), Entomo Farm a produit 400 tonnes  d'insectes en 2016, dédiées à l'alimentation animale. Elle participe  aussi à des recherches avec le CNRS.

Ces usines qui produisent déjà des insectes (plus ou moins légalement)

 A échelle européenne, l’International  Platform of Insect for Food and Feed  (IPIFF) est à l’oeuvre depuis 2015. L’ONG  cherche à "promouvoir les insectes  comme source de protéines pour  l’alimentation animale et humaine" et  à "renforcer le dialogue avec les  autorités publiques européennes pour  créer un cadre réglementaire approprié".

 La Fédération française des  producteurs, importateurs et  distributeurs d’insectes (FFPIDI)  est née en 2012. Son but ?  Promouvoir l’entomophagie en  France et faire évoluer la  législation.

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Cliquez sur les logos pour découvrir qui sont les lobbies de l'entomophagie*...

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Produire des insectes : comment ça marche ?

Source : FAO

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Manger

Savoir

 À Evry (Essonne), InnovaFeed  gère des activités de  recherche, de production et de distribution pour                      l'alimentation animale, en collaboration avec le Génopole (centre de recherche).

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Pierre Feillet, ancien directeur général de l'Inra, met en garde sur les maladies que les insectes peuvent transmettre à l'Homme.

 * L'entomophagie désigne la pratique de manger des insectes.