Du haut du bâtiment 14 A du site du CNRS, la vue sur Gif-sur-Yvette (Essonne) est imprenable. Depuis son promontoire, Frédéric Marion-Poll scrute avec attention un vivarium avec des vers de farine*.

Depuis janvier 2013, cet enseignant-chercheur à AgroParisTech fait partie du projet "Désirable" lancé suite à la publication du rapport de la FAO. Financée par

l'Agence Nationale de Recherche (ANR)*, cette initiative vise à concevoir une bio-raffinerie d'insectes pour inventer un système agroalimentaire durable.

"Désirable" s'est focalisé sur le ver de farine et la mouche soldat*. "Je me suis intéressé à la capacité de croissance du ver de farine (...) et quels sont les procédés techniques à mettre en œuvre pour extraire des protéines", détaille Frédéric Marion-Poll.

Des vers, il n'y en a presque plus à Gif-sur-Yvette. Après 4 ans de recherche,

les sociologues s'attaquent à l'étape suivante : les consommateurs sont-ils prêts

à manger des animaux eux-mêmes nourris à partir d'insectes ? Parmi les partenaires du projet "Désirable", la start-up francilienne Ynsect attend avec impatience les prochains résultats.

Rendre les insectes "Désirable"

Le ver de farine est la larve du ténébrion meunier. Il mange de la matière en décomposition et même certaines formes de polystyrène.

Diminuer la pression agricole

Combien de protéines apporte un insecte ?

Combien de CO2 émet un insecte ?

La FAO, définition :

Parmi les organismes qui naissent avec l’ONU en 1945, la Food and Agriculture Organization (FAO) travaille à pérenniser les ressources alimentaires internationales. Son siège social est basé à Rome. En 2015, 1,617 million de dollars ont été dépensés en programmes par l’organisme onusien.

L'Agence Nationale de la Recherche finance la recherche française.

Elle s'attache notamment à "contribuer au développement des sciences et des technologies, favoriser la créativité, le décloisonnement, les émergences et les partenariats"

C'est dans le cadre de son programme Système Alimentaires Durables (ALID), que l'ANR a financé le projet "Désirable".

"J'ai longtemps travaillé pour tuer les insectes ou du moins limiter leur impact sur les cultures. Pour lutter contre ces petites choses, il faut apprendre à les élever. Aujourd'hui, le fait de réaliser des recherches sur leur possible consommation par l'Homme me ravit."

Frédéric Marion-Poll, chercheur au CNRS

Déforestation, surpêche, élevage intensif… La Terre manque déjà de ressources pour nourrir l’humanité. Pourtant, les besoins en protéines vont doubler d’ici à 2050. Diminuer la pression agricole sur les milieux naturels, voilà un enjeu-clé de notre époque.

Alors, pourquoi pas les insectes ? C’est le parti pris de la Food and Agriculture Organization (FAO), l’organisme des Nations Unies chargé de l’agriculture et de l’alimentation. La FAO suggère que les insectes comestibles intègrent notre régime alimentaire pour "soulager" les filières avicole, bovine ou encore l’aquaculture.

Dans un rapport publié en 2014, l’organisme international a compilé des études néerlandaises menées depuis 2008. Elles recensent 1 900 espèces d’insectes mangées régulièrement à travers le monde.

La mouche soldat (Hermetia illucens) est présente sur tous les continents. Les larves de ces insectes se développent sur des milieux en décomposition végétale ou animale.

Manger des insectes :

à quoi bon ?

Manger

Produire

L'élevage des insectes en chiffres

Pour en savoir plus sur la FAO, cliquez sur son logo.

Insectes, farines et sablés : les trois étapes de transformation du ténébrion, qui arrive dans l'assiette !

Des mouches soldats dans les éprouvettes du laboratoire de Gif-sur-Yvette (Essonne).